C'est un cas unique dans notre histoire de l'hippisme. La même année, en 1947, un cheval a remporté la grande course de haies d'Auteuil, puis le prix de l'Arc de Triomphe en plat quelques mois plus tard. Son nom, Le Paillon. Je vous raconte son histoire.Le Paillon est né en 1942, en pleine guerre mondiale. Et c'est sans doute là l'une des explications à son incroyable exploit. Certes, vous le savez, certains chevaux de plat se reconvertissent ensuite sur les obstacles. Certains chevaux d'obstacles se révèlent corrects en plat. Mais de là à imaginer un cheval capable de remporter un groupe I dans chaque discipline... Et pas n'importe quels groupes I ! Il faut donc penser au contexte qui a autorisé cet exploit. Cette période sombre l'a été aussi pour notre élevage, les meilleurs étalons français ont été confisqués par l'occupant allemand. Et une jument d'exception comme Corrida, tuée pendant la guerre, n'a pas pu non plus apporter ses gênes au stud book français. De fait, pendant quelques années, la valeur intrinsèque de l'ensemble des galopeurs français s'est trouvée légèrement réduite. Sans réduire la portée de l'exploit de Le Paillon, je pense qu'aujourd'hui ce serait presque inconcevable qu'un cheval gagne la même année la grande course de haies d'Auteuil et le prix de l'Arc de Triomphe. Ça ne viendrait même pas à l'idée d'un entraîneur d'essayer. En 1947 donc, l'exploit était réalisable. Mais encore fallait-il y parvenir ! Propriété de Lucienne Aurousseau (la famille Aurousseau était spécialisée en chevaux d'obstacles, lisez l'article sur Méli-Mélo, lien à la fin de celui-ci), Le Paillon était entraîné par William Head. Lui aussi un spécialiste des obstacles, puisqu'il était auparavant jockey d'obstacles. Le Paillon commence donc l'année 1947 sur les haies, il prend la deuxième place de la Coupe des Champions, un groupe I disputé à Cheltenham. De retour en France, il est aligné au départ de la Grande course de haies d'Auteuil, et la remporte (devant Vatelys, le tenant, avec plus de 10 longueurs d'avance !), avec Daniel Guiho sur le dos. C'est alors que s'opère une tentative insensée. Le Paillon est aligné dans le Grand prix de Deauville, en plat donc ! Et voilà qu'il remporte ce groupe II. Il est donc aligné dans le prix de l'Arc de Triomphe, avec Fernand Rochetti comme jockey. Ce jour-là, le favori, Tourment, ne répond pas à l'attente et termine non placé. Quant à Goyama, deuxième, elle a été victime d'une belle bousculade durant son parcours. Mais qu'importe, c'est bien le nom de Le Paillon qui vient figurer au palmarès du prix de l'Arc de Triomphe ! Il est le premier, et toujours unique à ce jour, cheval d'obstacles à s'être aussi imposé dans le prix de l'Arc de Triomphe ! On peut aussi se demander si la reconversion du cheval n'est pas à l'origine de celle de la famille Head, puisque William Head, l'entraîneur d'obstacles, est le père d'Alec, et le grand-père de Freddy et Criquette, aujourd'hui entraîneurs reconnus de plat... Un tel cheval, peut-on estimer, aurait dû permettre de reconstruire l'élevage français de galop. L'étalon a certes été utilisé,  je lui ai retrouvé 23 enfants. Mais un seul a perçu quelques gains en course, en Italie. Et finalement, il faut l'avouer, l'étalon fut bien moins surprenant que le cheval de course... Notre illustration est l'unique photo retrouvée de Le Paillon sur le net... Impossible de vous dire si elle a été prise au départ d'une course de haies ou de plat !Découvrez plus de chevaux de légende sur http://www.zegagnant.com/category/chevauxdelegende. Â"/>
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Actualités hippiques

Le Paillon, vainqueur en haies… Puis à l’Arc de Triomphe !

09/06/2013
image Le Paillon, vainqueur en haies… Puis à l’Arc de Triomphe !


 


C'est un cas unique dans notre histoire de l'hippisme. La même année, en 1947, un cheval a remporté la grande course de haies d'Auteuil, puis le prix de l'Arc de Triomphe en plat quelques mois plus tard. Son nom, Le Paillon. Je vous raconte son histoire.


Le Paillon est né en 1942, en pleine guerre mondiale. Et c'est sans doute là l'une des explications à son incroyable exploit. Certes, vous le savez, certains chevaux de plat se reconvertissent ensuite sur les obstacles. Certains chevaux d'obstacles se révèlent corrects en plat. Mais de là à imaginer un cheval capable de remporter un groupe I dans chaque discipline... Et pas n'importe quels groupes I !


Il faut donc penser au contexte qui a autorisé cet exploit. Cette période sombre l'a été aussi pour notre élevage, les meilleurs étalons français ont été confisqués par l'occupant allemand. Et une jument d'exception comme Corrida, tuée pendant la guerre, n'a pas pu non plus apporter ses gênes au stud book français. De fait, pendant quelques années, la valeur intrinsèque de l'ensemble des galopeurs français s'est trouvée légèrement réduite. Sans réduire la portée de l'exploit de Le Paillon, je pense qu'aujourd'hui ce serait presque inconcevable qu'un cheval gagne la même année la grande course de haies d'Auteuil et le prix de l'Arc de Triomphe. Ça ne viendrait même pas à l'idée d'un entraîneur d'essayer.


En 1947 donc, l'exploit était réalisable. Mais encore fallait-il y parvenir ! Propriété de Lucienne Aurousseau (la famille Aurousseau était spécialisée en chevaux d'obstacles, lisez l'article sur Méli-Mélo, lien à la fin de celui-ci), Le Paillon était entraîné par William Head. Lui aussi un spécialiste des obstacles, puisqu'il était auparavant jockey d'obstacles.


Le Paillon commence donc l'année 1947 sur les haies, il prend la deuxième place de la Coupe des Champions, un groupe I disputé à Cheltenham. De retour en France, il est aligné au départ de la Grande course de haies d'Auteuil, et la remporte (devant Vatelys, le tenant, avec plus de 10 longueurs d'avance !), avec Daniel Guiho sur le dos.


C'est alors que s'opère une tentative insensée. Le Paillon est aligné dans le Grand prix de Deauville, en plat donc ! Et voilà qu'il remporte ce groupe II. Il est donc aligné dans le prix de l'Arc de Triomphe, avec Fernand Rochetti comme jockey. Ce jour-là, le favori, Tourment, ne répond pas à l'attente et termine non placé. Quant à Goyama, deuxième, elle a été victime d'une belle bousculade durant son parcours. Mais qu'importe, c'est bien le nom de Le Paillon qui vient figurer au palmarès du prix de l'Arc de Triomphe ! Il est le premier, et toujours unique à ce jour, cheval d'obstacles à s'être aussi imposé dans le prix de l'Arc de Triomphe !


On peut aussi se demander si la reconversion du cheval n'est pas à l'origine de celle de la famille Head, puisque William Head, l'entraîneur d'obstacles, est le père d'Alec, et le grand-père de Freddy et Criquette, aujourd'hui entraîneurs reconnus de plat...


Un tel cheval, peut-on estimer, aurait dû permettre de reconstruire l'élevage français de galop. L'étalon a certes été utilisé,  je lui ai retrouvé 23 enfants. Mais un seul a perçu quelques gains en course, en Italie. Et finalement, il faut l'avouer, l'étalon fut bien moins surprenant que le cheval de course...


Notre illustration est l'unique photo retrouvée de Le Paillon sur le net... Impossible de vous dire si elle a été prise au départ d'une course de haies ou de plat !