La poule d'Essai des poulains et la poule d'essai des pouliches sont deux courses beaucoup plus importantes pour le galop français que leur médiatisation le laisse supposer. Si ces groupes I réservés aux 3 ans ne figurent pas parmi les mieux dotés, ils existent ainsi depuis 1840. Plus qu'une histoire, des histoires. Et des anecdotes au passage... En fait, l'idée de ces courses est d'abord née en Angleterre. En 1809, Outre-Manche, les 2000 Guineas Stakes (prix des 2000 Guinées) sont créées par le Jockey Club britannique pour lancer la saison des 3 ans avant le Derby d'Epsom, une pour les femelles, l'autre pour les mâles. En France, le prix du Jockey Club (ouvert aux mâles et aux juments) a été créé en 1836, puis le prix de Diane en 1843 (pour les seules juments). A cette époque, on est loin encore de penser à créer le prix de l'Arc de Triomphe (première course en 1920), notre prix du Jockey Club est donc considéré comme le pendant français du Derby d'Epsom. Et si des courses ont été créées pour précéder le Derby, alors il convient de faire de même chez nous : c'est en 1840 que naissent les poules d'Essai. Ou plutôt la Poule d'Essai, qui accueille mâles et femelles ensemble jusqu'en 1883, année où deux courses permettent de les séparer. La comparaison avec l'Angleterre s'arrête toutefois là. Pas de challenge multi courses chez nous qui soit comparable à la triple crown (triple couronne) britannique, comprenant la même année une victoire aux 2000 Guineas, celle dans le Derby d'Epsom et enfin celle dans le Saint Leger Stakes. Côté français, et  c'est sans doute aussi la raison de la moindre connaissance de ces courses, les poules d'Essai doivent se suffire à elles-mêmes et ne démarrent aucun défi.

Premières éditions sur le Champ de Mars

Les premières courses des poules d'Essai sont plutôt pittoresques. Elles ont lieu sur le Champ de Mars (oui, oui, sous cette Tour Eiffel... qui n'existe pas encore !), sur une distance qui varie au fil des années entre 1500 et 2000 mètres. On démarre faiblement, l'histoire retient que le premier lauréat, en 1840, s'appelle Giges, mais aussi que les éditions de 1843 et 1844 doivent être annulées, faute d'un nombre suffisant de partants. C'est en 1857 que l'hippodrome de Longchamp est créé, et de suite la Poule d'Essai y est transférée. En 1867, elle prend définitivement la distance de 1600 mètres. Les courses évoluent aussi au rythme de notre Histoire, avec un grand H. Elle n'ont pas lieu en 1871 en raison de la guerre avec la Prussie, ni de 1915 à 1918 cette fois pour cause de première guerre mondiale, avec toutefois une course de remplacement à Chantilly, uniquement en 1917. Pour la seconde guerre mondiale, les poules d'essai sont bien courues, mais la version 1940 a lieu à Auteuil (hé oui, il y a eu du galop sans obstacle à Auteuil !) au mois d'octobre, la version 1943 a été disputée sur l'hippodrome du Tremblay, et les éditions 1944 et 1945 ont été déménagées à Maisons-Laffitte. Fin XIXe siècle, début XXe, deux hommes marquent l'histoire de la poule d'Essai des Poulains, inscrivant de très nombreuses fois leur nom au palmarès : Edmond Blanc (8 fois) en tant que propriétaire, et Robert Denman (11 fois)  comme entraîneur. Il faut dire qu'ils ont fait la paire à 6 reprises. En particulier, en 1905, leur poulain Val d'Or réussit non seulement à remporter cette épreuve, mais également à faire trembler les Anglais en étant deuxième du derby d'Epsom. Favori du Saint Leger Stakes, il ne peut y défendre ses chances, son bateau étant bloqué à Boulogne-sur-Mer pour cause de mauvais temps... On n'ose imaginer un tel scénario aujourd'hui ! Toujours au niveau des hommes, notons que Freddy Head, en tant que jockey, possède le record de victoires dans l'épreuve tant chez les poulains (6 succès) que chez les pouliches (8), entre 1975 et 1997.

D'énormes champions au palmarès

Plusieurs poulains ont commencé leur moisson de succès dans la poule d'essai qui leur était réservée. Citons Brantome en 1934, vainqueur la même année du prix de l'Arc de Triomphe ; Djebel en 1940 qui lui gagnera l'Arc deux années plus tard, en 1942 ; Tantième en 1950, double vainqueur de l'Arc en 1950 et 1951 ; Right Royal en 1961, qui gagna ensuite le prix du Jockey Club puis le King George VI & Queen Elizabeth Stakes ; Relko en 1963 qui remporta dans la foulée le Derby d'Epsom ; Daylani en 1997 qui gagna ensuite de superbes courses au Royaume-Uni, dont le fameux King George VI & Queen Elizabeth Stakes en 1999, ou la Cup Turf Breeders' aux Etats-Unis la même année ; Shamardal en 2005 vainqueur ensuite du prix du Jockey Club ; Lope de la Vega, fils de Shamardal justement, suit le même chemin en 2010. Côté pouliches, on n'est pas en reste. Pearl Cap, en 1931, deviendra ensuite la toute première jument de l'histoire à remporter le prix de l'Arc de Triomphe. Coronation V connaît la même destinée en 1949 (à noter que sa victoire dans la poule d'essai des pouliches fut partagée avec une certaine Galgala, seul dead-heat recensé de l'histoire confondue des deux poules d'essai). Allez France doit attendre un an entre sa victoire dans la poule d'essai (1973) et celle dans le prix de l'Arc de Triomphe (1974).  Même chose pour Ivanjica en 1975 puis 1976. En 1977, Madelia réussit le doublé avec le prix de Diane. Three Troikas connaît une année 1979 exceptionnelle ponctuée par le prix de l'Arc de Triomphe. Miesque aussi fut révélée dans la poule d'Essai en 1987 avant d'aller conquérir l'Amérique et de remporter plusieurs Breeders' Cup Mile. East of the Moon, en 1994, réussit le doublé avec le prix de Diane. Tout comme Divine Proportions en 2005. En 2008, Zarkava, elle, a tout gagné, de la poule d'Essai au prix de l'Arc de Triomphe en passant par le prix de Diane. Enfin Golden Lilac, toujours sur les pistes aujourd'hui à ma connaissance, a doublé poule d'essai et prix de Diane en 2011.

Des étalons révélés

Les poules d'essai ont donc révélé d'énormes champions sur les pistes, jouant ainsi parfaitement leur rôle de courses lançant la saison de 3 ans. Mais ce n'est pas tout. Plusieurs de ses vainqueurs sont ensuite devenus des étalons prisés, même si leur palmarès s'arrêtait là ou presque. Je citerais ainsi Sir Gallahad, vainqueur en 1923, puis père de 65 vainqueurs de courses de groupes. Ou encore Riverman en 1972, dont les enfants Detroit et Gold River remportèrent le prix de l'Arc de Triomphe en 1980 et 1981. Alors dites-moi, les poules d'Essai sont certes moins célèbres que bien d'autres courses, mais pensez-vous toujours qu'elles manquent d'intérêt ? C'est encore leur histoire qui permet de mieux apprécier leur saveur, n'est-ce pas ? Notre photo montre Zarkava, qui a réussi le triplé poule d'essai des pouliches, prix de Diane et prix de l'Arc de Triomphe en 2008.Cet article vous a plu ? D’autres articles sont disponibles sur le blog www.zegagnant.com."/>
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Actualités hippiques

Poule d’essai des pouliches, poule d’essai des poulains, chargées d’histoires

10/05/2013
image Poule d’essai des pouliches, poule d’essai des poulains, chargées d’histoires

 

La poule d'Essai des poulains et la poule d'essai des pouliches sont deux courses beaucoup plus importantes pour le galop français que leur médiatisation le laisse supposer. Si ces groupes I réservés aux 3 ans ne figurent pas parmi les mieux dotés, ils existent ainsi depuis 1840. Plus qu'une histoire, des histoires. Et des anecdotes au passage...

En fait, l'idée de ces courses est d'abord née en Angleterre. En 1809, Outre-Manche, les 2000 Guineas Stakes (prix des 2000 Guinées) sont créées par le Jockey Club britannique pour lancer la saison des 3 ans avant le Derby d'Epsom, une pour les femelles, l'autre pour les mâles. En France, le prix du Jockey Club (ouvert aux mâles et aux juments) a été créé en 1836, puis le prix de Diane en 1843 (pour les seules juments). A cette époque, on est loin encore de penser à créer le prix de l'Arc de Triomphe (première course en 1920), notre prix du Jockey Club est donc considéré comme le pendant français du Derby d'Epsom. Et si des courses ont été créées pour précéder le Derby, alors il convient de faire de même chez nous : c'est en 1840 que naissent les poules d'Essai. Ou plutôt la Poule d'Essai, qui accueille mâles et femelles ensemble jusqu'en 1883, année où deux courses permettent de les séparer.

La comparaison avec l'Angleterre s'arrête toutefois là. Pas de challenge multi courses chez nous qui soit comparable à la triple crown (triple couronne) britannique, comprenant la même année une victoire aux 2000 Guineas, celle dans le Derby d'Epsom et enfin celle dans le Saint Leger Stakes. Côté français, et  c'est sans doute aussi la raison de la moindre connaissance de ces courses, les poules d'Essai doivent se suffire à elles-mêmes et ne démarrent aucun défi.

Premières éditions sur le Champ de Mars

Les premières courses des poules d'Essai sont plutôt pittoresques. Elles ont lieu sur le Champ de Mars (oui, oui, sous cette Tour Eiffel... qui n'existe pas encore !), sur une distance qui varie au fil des années entre 1500 et 2000 mètres. On démarre faiblement, l'histoire retient que le premier lauréat, en 1840, s'appelle Giges, mais aussi que les éditions de 1843 et 1844 doivent être annulées, faute d'un nombre suffisant de partants. C'est en 1857 que l'hippodrome de Longchamp est créé, et de suite la Poule d'Essai y est transférée. En 1867, elle prend définitivement la distance de 1600 mètres.

Les courses évoluent aussi au rythme de notre Histoire, avec un grand H. Elle n'ont pas lieu en 1871 en raison de la guerre avec la Prussie, ni de 1915 à 1918 cette fois pour cause de première guerre mondiale, avec toutefois une course de remplacement à Chantilly, uniquement en 1917. Pour la seconde guerre mondiale, les poules d'essai sont bien courues, mais la version 1940 a lieu à Auteuil (hé oui, il y a eu du galop sans obstacle à Auteuil !) au mois d'octobre, la version 1943 a été disputée sur l'hippodrome du Tremblay, et les éditions 1944 et 1945 ont été déménagées à Maisons-Laffitte.

Fin XIXe siècle, début XXe, deux hommes marquent l'histoire de la poule d'Essai des Poulains, inscrivant de très nombreuses fois leur nom au palmarès : Edmond Blanc (8 fois) en tant que propriétaire, et Robert Denman (11 fois)  comme entraîneur. Il faut dire qu'ils ont fait la paire à 6 reprises. En particulier, en 1905, leur poulain Val d'Or réussit non seulement à remporter cette épreuve, mais également à faire trembler les Anglais en étant deuxième du derby d'Epsom. Favori du Saint Leger Stakes, il ne peut y défendre ses chances, son bateau étant bloqué à Boulogne-sur-Mer pour cause de mauvais temps... On n'ose imaginer un tel scénario aujourd'hui !

Toujours au niveau des hommes, notons que Freddy Head, en tant que jockey, possède le record de victoires dans l'épreuve tant chez les poulains (6 succès) que chez les pouliches (8), entre 1975 et 1997.

D'énormes champions au palmarès

Plusieurs poulains ont commencé leur moisson de succès dans la poule d'essai qui leur était réservée. Citons Brantome en 1934, vainqueur la même année du prix de l'Arc de Triomphe ; Djebel en 1940 qui lui gagnera l'Arc deux années plus tard, en 1942 ; Tantième en 1950, double vainqueur de l'Arc en 1950 et 1951 ; Right Royal en 1961, qui gagna ensuite le prix du Jockey Club puis le King George VI & Queen Elizabeth Stakes ; Relko en 1963 qui remporta dans la foulée le Derby d'Epsom ; Daylani en 1997 qui gagna ensuite de superbes courses au Royaume-Uni, dont le fameux King George VI & Queen Elizabeth Stakes en 1999, ou la Cup Turf Breeders' aux Etats-Unis la même année ; Shamardal en 2005 vainqueur ensuite du prix du Jockey Club ; Lope de la Vega, fils de Shamardal justement, suit le même chemin en 2010.

Côté pouliches, on n'est pas en reste. Pearl Cap, en 1931, deviendra ensuite la toute première jument de l'histoire à remporter le prix de l'Arc de Triomphe. Coronation V connaît la même destinée en 1949 (à noter que sa victoire dans la poule d'essai des pouliches fut partagée avec une certaine Galgala, seul dead-heat recensé de l'histoire confondue des deux poules d'essai). Allez France doit attendre un an entre sa victoire dans la poule d'essai (1973) et celle dans le prix de l'Arc de Triomphe (1974).  Même chose pour Ivanjica en 1975 puis 1976. En 1977, Madelia réussit le doublé avec le prix de Diane. Three Troikas connaît une année 1979 exceptionnelle ponctuée par le prix de l'Arc de Triomphe. Miesque aussi fut révélée dans la poule d'Essai en 1987 avant d'aller conquérir l'Amérique et de remporter plusieurs Breeders' Cup Mile. East of the Moon, en 1994, réussit le doublé avec le prix de Diane. Tout comme Divine Proportions en 2005. En 2008, Zarkava, elle, a tout gagné, de la poule d'Essai au prix de l'Arc de Triomphe en passant par le prix de Diane. Enfin Golden Lilac, toujours sur les pistes aujourd'hui à ma connaissance, a doublé poule d'essai et prix de Diane en 2011.

Des étalons révélés

Les poules d'essai ont donc révélé d'énormes champions sur les pistes, jouant ainsi parfaitement leur rôle de courses lançant la saison de 3 ans. Mais ce n'est pas tout. Plusieurs de ses vainqueurs sont ensuite devenus des étalons prisés, même si leur palmarès s'arrêtait là ou presque. Je citerais ainsi Sir Gallahad, vainqueur en 1923, puis père de 65 vainqueurs de courses de groupes. Ou encore Riverman en 1972, dont les enfants Detroit et Gold River remportèrent le prix de l'Arc de Triomphe en 1980 et 1981.

Alors dites-moi, les poules d'Essai sont certes moins célèbres que bien d'autres courses, mais pensez-vous toujours qu'elles manquent d'intérêt ? C'est encore leur histoire qui permet de mieux apprécier leur saveur, n'est-ce pas ?

Notre photo montre Zarkava, qui a réussi le triplé poule d'essai des pouliches, prix de Diane et prix de l'Arc de Triomphe en 2008.