Hatoof, une Américaine venue de Versailles

Au chapitre des grandes voyageuses, Hatoof fut une jument pour le moins prodigue, remportant de superbes courses en différentes contrées. Elle termina sa carrière de course en 1994 par un succès dans le prix d’Astarté, devenu depuis prix Rothschild.

Propriété du Sheikh Maktoum Al Maktoum, Hatoof est née le 26 janvier 1989 aux Etats-Unis dans le Kentucky, dans une ville qui s’appelle… Versailles. Petite-fille de deux étalons célèbres, Riverman par son père et Lyphard par sa mère, Hatoof promettait dès sa naissance. Et en fait de Versaillaise, elle fut une reine des courses, et montra l’étendue de ses possibilités en s’imposant en France, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et au Canada dans des courses majeures.

En 1991, à 2 ans donc, c’est la mise en jambes. Basée à Chantilly, entraînée par Criquette Head, Hatoof dispute trois courses, pour deux deuxièmes places, et une victoire. Ça commence bien, mais la victoire n’a pas été acquise dans une course majeure, à l’inverse d'une des deuxièmes places, obtenue dans le prix Marcel Boussac, un groupe I.Le premier groupe I vient en 1992, à l’âge de 3 ans donc. A Newmarket, sur la distance du mile (1600 mètres et poussières), Hatoof s’impose dans les 1000 Guinees Stakes, réservée aux pouliches pur-sang de 3 ans (l’équivalent de notre poule d’Essai des pouliches en somme). J’ai retrouvé la vidéo de cette course, vous avez le lien en fin d’article. La deuxième « grosse victoire » a lieu en octobre de la même année, à Toronto, au Canada, dans les EP Taylor Stakes, un groupe II sur 2000 mètres. Enfin, toujours en octobre 1992, mais à Longchamp cette fois, Hatoof montre sa pointe de vitesse acérée dans le prix de l’Opéra, également un groupe II sur 2000 mètres.

Victoires en France, Grande-Bretagne, Canada et Etats-Unis

En 1993, à 4 ans donc, Hatoof retourne à Newmarket pour remporter les Champion Stakes (depuis, cette course a changé d’hippodrome et se dispute à Ascot), groupe I pour 3 ans et plus où elle bat pour la première fois les mâles. Le 1er mai, elle remporte le prix du Muguet, groupe II couru à Saint-Cloud sur le mile. En septembre, elle se contente cette fois d’un groupe III, la Coupe de Maisons-Laffitte, sur 2000 mètres.

En 1994, à 5 ans, Hatoof termine par deux coups d’éclat. D’abord aux Etats-Unis, à Arlington Park dans l’Illinois, en remportant les Beverly D. Stakes, groupe I sur 1900 mètres. Et elle conclut en beauté à Deauville en août par le prix d’Astarté, qui à l’époque n’était classé que groupe II. Aujourd’hui devenu groupe I, il s’appelle le prix Rothschild. En cette année 1994, Hatoof est sacrée jument de l’année aux Etats-Unis.

Une carrière de course fabuleuse et éclectique. Si elle est restée dans la fourchette de distance 1600-2000 mètres, Hatoof n’en a pas moins gagné sur tous les terrains. Elle a dépassé 1 840 000 $ de l’époque en gains, une somme fabuleuse, intraduisible en euros actuels puisque notre monnaie européenne n’existait pas alors. En 21 courses, elle a gagné 9 fois et obtenu 4 places.Retirée depuis au haras anglais de Newbury, Hatoof a eu plusieurs poulains… Malheureusement tous décevants. On ne peut pas gagner à tous les coups… Une reine sans descendance digne, quel dommage ! Serait-ce parce qu’elle n’est pas née dans le « bon » Versailles ?

En savoir plus : http://www.youtube.com/watch?v=kdW0CObKrh0 (la vidéo des 1000 Guinees Stakes 1992, notre illustration est une copie d’écran de l’arrivée de cette vidéo).