Le prix du Jockey Club, une institution née en 1836
30/05/2012
Le prix du Jockey Club est plus qu’une simple course hippique, il est le témoin de notre histoire depuis… 1836.
1836, vous vous rendez compte ? C’est le 24 avril 1836 que s’est disputé le tout premier prix du Jockey Club. Il s’est agi en cette époque d’importer en France ce qui existait déjà en Angleterre (et depuis 1752 !). « Jockey Club », le nom fait ainsi référence au « jockey club de Newmarket », dont les règlements des courses furent copiés, francisés disons. En quelques sortes, 1836, c’est le début de l’hippisme français, l’essence des courses de galop.
La course est le témoin de notre histoire, puisque interrompue en 1871 (invasion des Prussiens), et en 1915. Les autres années de guerre, de la première guerre mondiale comme de la deuxième, n’empêchèrent pas cette course de se dérouler, tout juste dut-elle parfois changer d’hippodrome. Mais le prix du Jockey Club, en dehors de ces exceptions donc, reste lié à l’hippodrome de Chantilly. C’est la course de l’année de l’hippodrome, la deuxième course de l’année en France, derrière l’Arc de Triomphe.
Chantilly, c’est le centre d’entraînement le mieux équipé en France, l’un des tout meilleurs d’Europe et du monde. Son hippodrome se doit de proposer des courses de prestige : le prix du Jockey Club, parfois appelé « prix des 3 ans » par le passé, est la première d’entre elles (avec le prix de Diane bien sûr). Chantilly s’est doté, depuis quelques mois, d’une piste en sable fibré pour pouvoir proposer, aussi, des courses l’hiver. Mais pour l’instant, c’est bel et bien sur la traditionnelle piste en herbe que se déroulent ses courses les plus prestigieuses.
L’époque Marcel Boussac
Mais revenons à notre course, ce prix du Jockey Club. Il met aux prises des chevaux entiers de 3 ans. Il s’agit bien sûr d’un groupe I, majeur même vous l’avez compris. Remporter le Jockey Club, cela marque le palmarès du cheval, mais aussi de ses propriétaire, entraîneur, jockey… La course a favorisé l’élevage français jusqu’en 1946, refusant, réglementairement, les étrangers. Depuis cette date, il est arrivé que quelques chevaux irlandais, britanniques ou américains viennent gagner sur notre territoire, mais finalement ce fut plutôt rare. A noter qu’il est faux de penser que le prix du Jockey Club est réservé aux mâles, puisque le prix de Diane, réservé aux femelles, se court peu de temps après. Le prix du Jockey Club est réglementairement réservé aux chevaux entiers de 3 ans, des deux sexes. Mais si l’on regarde le palmarès récent (je n’ai pas la prétention de connaître le sexe de tous les vainqueurs depuis 1836), il semble clair que les mâles sont les grands vainqueurs de l’épreuve.
Le prix du Jockey Club reste associé au nom de Marcel Boussac : il fut le propriétaire qui en remporta le plus, soit 12 victoires, entre 1922 et 1978. Ce roi du textile, passionné de chevaux de course, apporta énormément à l’hippisme français, à bien des niveaux, par exemple dans les choix d’élevages dont de nombreuses lignées profitent toujours de nos jours.
Deux vainqueurs à pile ou face !
A noter quelques anecdotes dans l’histoire de la course. Par exemple, il y eut cinq dead-heat (cinq courses où deux vainqueurs furent jugés ex aequo)… Dont trois seulement avec deux vainqueurs, en 1882, 1886 et 1908. Pour les deux autres (en 1843 et 1856), les deux chevaux furent départagés par tirage au sort, il ne resta donc plus qu’un vainqueur dans le palmarès ! On n’ose imaginer si, aujourd’hui, on devait procéder à un tirage au sort pour départager les cas litigieux…
Au palmarès figurent de très nombreux fantastiques chevaux. Déjà, parce que pour gagner le prix du Jockey Club, il faut un cheval hors norme, tant la concurrence est énorme. Mais pour l’anecdote, je m’attarde sur une histoire de famille. En 1898, Gardefeu remporta donc le prix du Jockey Club. En 1921, 23 ans plus tard donc, son arrière-petit-fils Ksar en fit de même (Ksar, un énorme champion, il fut le premier cheval à remporter deux Arc de Triomphe). En 1931, Tourbillon, fils de Ksar, fait honneur à la lignée. Puis Coaraze, fils de Tourbillon, en 1945… Au passage, Tourbillon et Coaraze portaient les couleurs de la maison Boussac.
Et puisqu’on parle du prix du « jockey » club, terminons par un mot sur un jockey vedette, de très loin recordman du nombre de victoires dans l’épreuve (neuf), Yves Saint-Martin. Sa dernière victoire remonte à 1987, je suis sûr que certains d’entre vous s’en souviennent…