Tidalium Pelo, le mal aimé des parieurs
06/05/2011
Une cruelle injustice pour notre trotteur à la robe sombre, presque noire (rare dans les pelotons), surnommé ainsi le Diable noir, alors qu’au contraire il avait le cœur gros, « trois fois plus que celui d’un coursier lambda », selon un portrait post mortem paru dans L’Express en 2001 (
Et pourtant. Pourtant, Tidalium Pelo a remporté nombre de courses prestigieuses, il présente l’un des plus beaux palmarès du trot français. Qui plus est, il a croisé des célébrités, et pas des moindres, Roquépine, Bellino II, et donc Une de Mai, trois chevaux dont je vous ai déjà dressé le portrait dans notre série consacrée aux chevaux de légende, et trois chevaux que notre Tidalium Pelo a réussi à battre !
Né en 1963, il remporte ses premiers succès au trot monté, avec le prix des Elites en 1967, et le prix des Centaures en 1968 et 1969. Cette même année 1969, il gagne également le prix de France à l’attelé, montrant ses aptitudes de cheval complet. Il domine également le prix des Meilleurs à Munich et termine 2e du prix de la Loterie en Italie (derrière Une de Mai…). Mais ce dernier voyage va traumatiser à jamais le fier Tidalium. Le train du retour étant immobilisé toute une nuit par un temps glacial, Tidalium Pelo et son compagnon d’écurie Roc Wilkes tombent malades. Gravement. Roc Wilkes ne survit pas au voyage, et il faut toute l’attention du lad de Tidalium Pelo, Alain Blu, accourant à la rescousse du champion, le frictionnant, le réchauffant y compris avec ses propres vêtements en attendant l’arrivée jusqu’au train des vétérinaires, pour sauver Tidalium Pelo. Saison 1969 terminée, mais 1970 commence très fort avec une victoire dans le prix du Cornulier, considéré comme le championnat du monde du trot monté. En 1971, c’est la consécration, avec deux titres majeurs, le prix d’Amérique puis l’Elitloppet en Suède. Et en 1972, Tidalium Pelo réalise le doublé prix d’Amérique - prix du Cornulier, plutôt du genre à s’attirer le respect des turfistes… Sauf quand ils ont joué le mauvais cheval.
Malgré toutes ces victoires de prestige, et sa polyvalence entre l’attelé et le trot monté, Tidalium Pelo était en fait très fragile, et réclamait l’attention permanente de son lad. Il changea de main au terme de sa carrière de course, eut cette fois Albert Roumy-Goujon à son chevet. Le mot n’est pas trop fort, car dès que l’homme s’éloignait de son cheval, ce dernier semblait se laisser mourir. Et c’est d’ailleurs lors d’une absence obligée de son compagnon humain, le jour de son 30e anniversaire en 1993, que Tidalium Pelo tira sa révérence, sans laisser derrière lui une descendance extraordinaire comme si, décidément, il avait été condamné à garder son talent pour lui, sans jamais le partager.
Notre photo est issue d’une discussion sur le forum de discussions de Courses France, à cette adresse :