Hasili, la mère prodigue

Pour notre série consacrée aux chevaux de légende, je vous parle aujourd’hui de Hasili, jument de galop sans pareille. Elle est considérée comme une mère hors pair, une « matrone », l’équivalent féminin du « chef de race ». Habituellement, lorsque l’on parle de tels chevaux, on se réfère à une histoire datant quelque peu, je dois fouiner partout sur internet pour vous dénicher une vieille photo souvent en noir et blanc. La particularité de Hasili est qu’elle est une légende vivante, qui continue d’ailleurs de pouliner malgré son âge désormais avancé – pour la race équine – de 20 ans. Elle est la seule jument de galop à avoir eu 5 poulains qui sont devenus des vainqueurs de groupes I, et qui plus est la série reste en cours, notamment avec sa toute dernière saillie, dont je vous parlerai un peu plus loin.
Mais commençons par le commencement. Hasili est née en 1991 en Irlande, mais en étant en fait un pur-sang français, élevée en Angleterre, à Juddmonte, par Khalid Abdullah. Elle n’a que peu couru, une douzaine de courses à 2 et 3 ans, dont 5 Listed race, le niveau le plus élevé qu’elle ait connu. Elle en a remporté une, à 2 ans, le prix des Sablonnets, qui se court à Nantes sur 1600 mètres. Et puis voilà, c’est tout, rideau sur la carrière de courses, honnête donc, mais pas de quoi figurer dans notre rubrique des chevaux de légende.
Voilà donc notre Hasili envoyée au haras dès fin 1994… et là, jackpot ! Khalid Abdullah lui présente l’étalon Danehill. Danehill a un peu le même profil que sa dulcinée, une carrière de course rapidement bouclée sans faits d’armes particuliers, mais derrière, c’est le roi du haras, avec près de 70 poulains qui gagneront des groupes I ! En 1996 nait Dansili, qui ne figure pas encore parmi les 5 poulains « phénomènes », mais qui rapporte pourtant à son écurie 6 places dans un groupe I, et une victoire en groupe II. C’est en 1998 que commence donc vraiment la série, avec la naissance de Banks Hill, triple vainqueur de groupes I, aux States, en Angleterre et à Deauville, et sept fois placé à ce niveau. En 1999, Heat Haze nait de l’union de Hasili et Green Desert, il remportera un groupe I outre Manche. Pour la naissance de 2000, la tumultueuse Hasili a retrouvé Danehill et ses amours d’antan pour produire Intercontinental, vainqueur de deux groupes I, aux States et au Royaume-Uni. Dans la famille Danehill-Hasili, Cacique nait en 2001, il remportera deux groupes I aux States et en Angleterre, et sera plusieurs fois placé, ou vainqueur au niveau juste inférieur, en France. Né en 2003, le dernier produit du couple terrible de l’élevage de galop s’appelle Champs-Elysées, vainqueur d’un groupe I, le Northern Dancer Breeders’Cup Turf Stakes aux Etats-Unis.
Danehill disparaît en 2003 à l’âge de 17 ans, mais Hasili poursuit sa carrière de poulinière, telle une insatiable princesse hollywoodienne, et en 2007 naît Deluxe, de Storm Cat, « seulement » 2e d’un groupe I, le prix Saint-Alary à Longchamp.
Aujourd’hui, la croqueuse d’étalons a donc vingt ans, mais toujours tout son mors. Et figurez-vous, chers amis lecteurs, qu’elle vient de croiser la route de Zamindar, qui a le même profil que Danehill (à confirmer toutefois sur la durée), à savoir une « petite » carrière de course derrière lui, mais déjà une championne dans sa descendance, Zarkava. La mère de 5 groupes I croisée avec le père de Zarkava, on se prend à rêver, du côté de Juddmonte, à un nouveau champion hors norme. Celui-là, quand il aura 3 ans, pourrait bien être digne de notre rubrique, et ce serait alors pour sa carrière de course !

Notre photo est issue du site http://www.sporthorse-data.com/d?z=Qxf81f&d=hasili&x=33&y=15.