Nuit Torride, plus belle de jour en jour

A l’aube du prix d’Amérique 2011 qui se disputera ce dimanche 30 janvier, j’ai choisi de vous parler d’un concurrent qui ne sera pas favori. En l’occurrence plutôt d’une concurrente, Nuit Torride, qui sera mon « choix du cœur ». Il faut dire que, comme tout turfiste amateur qui se respecte, je la connais depuis longtemps, la belle. Je l’ai suivie, elle a couru un peu tout et n’importe quoi, elle a toujours eu de bons résultats, mais en commençant par le bas de l’échelle. On lui a même fait courir des courses pour apprentis ou amateurs, alors que même si certains sont excellents et très respectueux des chevaux, les plus gros entraîneurs évitent ce qu’ils estiment être un risque pour leurs meilleurs éléments.
Véritable « self made horse », Nuit Torride a débuté par les prix de série, les plus petites courses. Elle y a fait ses classes, à l’âge de 4 ans : le début d’une longue route, parsemée de bien jolies performances, à tous les niveaux, sur tous les hippodromes, avec tous les drivers… D’ailleurs, ce prix d’Amérique 2011 qu’elle a gagné le droit de convoiter sera sa 97e course ! Son meilleur atout, la régularité. Un œil sur ses stats. 96 courses courues donc, 15 fois fautive ou distancée, 18 fois placée au-delà de la 5e place… Et donc 63 fois placée parmi les 5 premiers ! Joli score tout de même, non ?
Son propriétaire et entraîneur (et aussi parfois son driver) Philippe Gillot a tout connu avec elle. Les plus beaux souvenirs, ceux des victoires et autres belles places en très jolie compagnie, mais aussi une blessure (une chute à l’entraînement spécifique de Nuit Torride qui lui valut deux vertèbres fracturées et la pose d’un corset), ou encore la honte d’être reconnu coupable de dopage… Hé oui, Nuit Torride a été distancée de l’une de ses places – c’était en décembre 2008 lors de la finale du GNT, elle avait terminé 3e – après contrôle, et présence d’anabolisants… Car si Nuit Torride disputera ce 30 janvier 2011 son premier prix d’Amérique, elle s’y était déjà qualifiée grâce à une formidable saison 2008 notamment dans le GNT, en janvier 2009. Las ! Le contrôle et le dopage la disqualifieront et l’empêcheront de prendre le départ…
De fait, Nuit Torride passera toute l’année 2009 dans l’ombre… Pour mieux renaître en 2010 ! Car Philippe Gillot connaît la valeur de sa jument. Oh, il a sans doute commis une erreur avec le dopage, et il l’a payée. Il aurait mieux fait d’attendre. Maintenant, il a attendu. Vient l’heure de la revanche, et du retour de Nuit Torride dans les bonnes performances. Après un été à Enghien où elle remporte déjà une course de prestige devant Prodigious, Paradis Cordière ou encore Opium (que des bons chevaux !) et se prépare au mieux, revoilà Nuit Torride à Vincennes le 26 septembre 2010. La course s’appelle le prix d’Issigeac, pas la plus connue, mais avec du beau monde au départ : Roc Meslois, Prodigious, Quilien d’Isques… Ce dernier franchit le poteau en tête, mais pas dans les bonnes allures, il est disqualifié au profit de… Nuit Torride ! La chance a enfin tourné, la jument va démontrer dans les semaines qui suivent qu’elle devenue meilleure que jamais, pour obtenir de très très probantes places dans trois des quatre courses préparatoires au prix d’Amérique, les fameuses « 4 B ». A tel point qu’elle se qualifie à nouveau, deux ans après la première fois mais cette fois sans aucune contestation possible, pour le prix d’Amérique.
Nuit Torride a désormais 10 ans, l’âge légal limite pour courir au trot en France. Il s’agit donc de sa toute dernière chance. Mais qu’on ne s’y trompe pas : elle aura des jeunes loups contre elle, elle a déjà connu une carrière riche et mouvementée, mais l’apothéose n’est pour autant pas impossible. Moi j’y crois. Ah si Nuit Torride pouvait trouver le jour…

Notre photo : 2e très proche de Maharajah, qui sera sans doute l’un des deux grands favoris avec Ready Cash, lors du prix de Belgique 2011, Nuit Torride arrive peut-être à l’aube d’un succès retentissant.