Rock of Gibraltar, le chouchou des hooligans de Manchester United

La légende autour de certains chevaux tient parfois à un contexte qui leur échappe totalement. Incontestablement, Rock of Gibraltar fut particulièrement doué sur les pistes, remportant la bagatelle de sept groupes I consécutivement, un record en la matière. Pour autant, pas d’Arc de Triomphe, de Derby d’Epsom ou de King George dans ce palmarès, courses que son entourage sut lui éviter consciencieusement, lui préférant des distances plus courtes, à son entière convenance. Son nom sonne malgré tout comme un roc à l’oreille de tous les turfistes, mais pas seulement de ceux-ci.
La raison ?
Cette bête à victoires fut avant tout soutenue par… tous les supporters du club de foot de Manchester United ! Et au-delà, par de nombreux amoureux du football. La raison ? L’un de ses copropriétaires avait pour nom Alex Ferguson, charismatique manager général du club ! Ceci, à l’heure de l’entrée en bourse du club, et donc d’une époque où les fans prenaient l’habitude d’investir leur argent dans des domaines qui leur étaient étrangers : avoir sous la main un cheval sur lequel parier, gagnant le plus souvent, était pour eux une aubaine, même si finalement, pour s’assurer ces victoires, il évitait les rendez-vous les plus prestigieux. On aurait presque dit (ce n’est pas le cas, Alex Ferguson était impliqué, par le club) que cela faisait partie de la stratégie globale du club, qui développa juste à cette époque (années 2001 et 2002) toute une gamme de produits dérivés pour en faire une entreprise dépassant largement le seul ballon rond.
Rock of Gibraltar a donc obtenu sa toute première victoire à 2 ans sur 1000 mètres, et n’a jamais couru plus que 1600 mètres. Un véritable sprinter, dont on ne saura donc jamais s’il aurait pu inquiéter les ténors de l’époque sur une plus longue distance… Sans doute dommage tout de même, lorsque l’on voit que le vainqueur du prix de l’Arc de Triomphe 2002 fut le seul 5 ans (en l’occurrence Marienbad) à réaliser cet exploit depuis 1975, preuve aussi que le lot était « prenable ».
Pourtant, parmi ses rejetons figurent des chevaux tels Mount Nelson ou Eagle Mountain, vainqueurs eux sur de plus longues distances (Eclipse Stakes pour le premier, Japan Cup pour le second). La carrière de Rock of Gibraltar se poursuit donc au haras avec de bons résultats, avec un tarif pour ses saillies assurant toujours un revenu conséquent à ses possesseurs, à tel point d’ailleurs qu’ils s’en sont disputés les subsides devant les tribunaux. Finalement, ça aura presque davantage bougé autour de Rock of Gibraltar que par lui-même !

Notre photo (Rock of Gibraltar et Alex Ferguson) est issue du site http://www.newmarketracecourses.co.uk.